dimanche 31 octobre 2010

Scène 17 - A new error

Bande son : Moderat - A new error

Tour à tour à l’arrière de cette caisse… Il y a des visages plus longs à effacer que d’autres. Et ils ne sont jamais assez loin pour les oublier. La terre est, beaucoup trop ronde. Ca flanque un coup méchant quand ils sortent de ton périmètre la première fois. Tu la dégustes, la vie. Tu voudrais pas qu’elle te pourrisse entre les dents.

C’que j’me rappelle. Deux yeux bleus, auxquels on ne prête pas attention d’abord, et puis auxquels on s’habitue. Et le matin qu’on ne les y trouve plus, il manque du ciel au ciel. Et du bleu au bleu. C’est con à dire. Les lèvres réunies, déposées, reçues, puis invitées. Le souffle chaud, retenu, puis avoué. Et l’idée d’avoir trouvé un pareil. Non pas une ombre, mais une ombrelle. De se sentir l’âme capable. Et pourtant.

Un maudit pourtant. Dans tout l’univers, se trouvait là, entre nos quatre bras tous les amours existants. Pas un ne primait sur l’autre. Et jamais nous n’avons pu émettre un son plus haut que l’autre, sans avoir le sentiment de nous trahir. Il a fallu renoncer à dire. Et ensuite à vivre dans cet espace où tout s’annule par résonance et échos.

Nous nous aimions, sans savoir qui nous avions en face.

Alors le cul ça nous faisait passer l’envie de réfléchir et d’y voir plus clair. Quand elle posait son baiser sur ma nuque, je me retournais, à chaque fois. A chaque fois, je gardais le nez baissé, et je levais des yeux félins dans les siens. Mon rite, pour oublier. Pour laisser place à la bousculade, à la langueur de l’après midi ou du soir. Dans ses bras, quand je m’abandonnais ; ou quand elle ne remuait plus, après…

Ce que je préférais c’était sans doute ce paroxysme de nos corps confus, qui soudain évoluaient sur un chemin connu d’eux seuls. Ils produisaient ce moment suspendu, au bord du temps, que seuls connaissent les amants et les danseurs. Jusqu’au déluge.