vendredi 31 décembre 2010

Scène 19 - Les invisibles

A pas bouillonnants, je pris en chasse un petit trio. Il se dirigeait comme trois invisibles, vers une allée plus discrète, protégée par les hauts mausolées. Cueilli entre deux habitués du cimetière, se tenait un joli business class au visage un peu de traviole, mais tout à fait comestible. Il se laissait conduire comme pour régler une affaire urgente et entendue. Zigzaguant entre les pierres tombales, je me planquai derrière l’une d’elle pour les épier à bonne distance.

L’homme choisit une tombe, y déposa son attachée case et s’assit sur son cuir pour s’isoler du marbre inconfortable. Ses pieds étaient curieusement rentrés et il hésita un instant, tout ramassé sur lui-même. Puis sans lever les yeux il entreprit mollement l’ouverture de son pantalon. Le plus baraque des compères était apparemment peu enclin à la patience. Il se précipita à genoux pour prendre l’affaire en mains. Et, de ses mains, l’affaire passa rapidement dans sa bouche. Bien vite le jeune chétif se déplia et se mit à piailler. Cela ressemblait à des hoquets de surprise, comme celle que vous entendez pour thanksgiving au moment de la dinde, avec quelques accents d’une sorte de glouglou des indes. L’homme se détendit encore un peu tandis que le colosse l’engloutissait à grandes bouchées. La scénette se passa ainsi pendant dix bonnes minutes sous l’œil de l’autre, resté debout à se palucher hardiment.

L’instant d’après ils changèrent de position. Lui, à quatre pattes se faisait prendre comme un encombrant sur la route. Il en recevait plein le cul, saluant au passage à chaque couinement le macchabée enterré dix pieds plus bas. Le matador jouait les connaisseurs derrière son arrière train, appréciant et jaugeant sa prise. Il décochait quelques coups de reins satisfaits, en agrémentant sa musique de grognement et de claquage de fessier. Le troisième larron se tenait maintenant à genoux à côté des deux premiers. Impassible il griffait et lacérait le dos du martyr. Parfois il s’écrasait à terre, juste à hauteur de la bite du jeune minet. Quand ce n’était pas pour la polir dans sa pogne, il la regardait simplement battre sur le marbre de la tombe en s’astiquant lui-même.