dimanche 6 avril 2014

Scène 36 - L'appartement ( partie II )

 
Il est 6h. Elle revient au petit matin :

- Alors tu es vivant ?

- J'ai de la peine

Elle se dirige droit dans la salle de bain et s'enferme.  Puis dans un fracas, elle ouvre la porte et fonce droit sur lui.

- Où les as-tu mis ?... Où les as-tu mis, réponds

- Je les ai cachés. Je les prendrai lorsque vous ne vous y attendrez pas. Vous ne m'ôterez pas le choix de mourir avec un reste de dignité.

- De dignité ? Mais mon pauvre hère, si tu avais de la dignité tu ne serais pas là !  Donne-les moi !

- Non

Elle l'attrape et le secoue violemment

- Mais tu vas me les donner, oui ! imbécile !

- Mais que vous importe de savoir quand,... et même ! que vous importe que je parte cette fois ! Vous ne m'aimez pas !

- Et qui me dira comme je suis belle chaque matin ? Et qui me regardera de ces yeux stupides enamourés le soir ?

- Vous m'aimez ?

- Bien sûr que non !

- Vous ne m'aimez pas...

- Mais voudrais-tu que je t'aime ?... Vraiment?... N'es-tu pas heureux de cette douleur par quoi je t'accompagne ? N'es-tu pas content en ma présence ?

- Je meurs lentement.

- Et bien continue ! Continue s'il-te-plait et donne-moi ces cachets que nous aillions nous coucher !

*****

Le lendemain au réveil :

Elle s'étire en sortant de la chambre.

- Ah j'ai bien dormi.

Elle s'approche du canapé. Il est caché sous les couvertures. Elle se met à califourchon sur lui, avec gaieté.

- Oh lève-toi ! Il fait si beau dehors.

Il  se retourne et se renfrogne contre les coussins du canapé.

- Bon...    Tu es fâché ?

Silence.

- Je ne suis pas rentrée si tard.

- Vous êtes restée chez lui !

- Oh tu es jaloux. Mon petit secrétaire est jaloux, s'amuse-t-elle.
Oh hé bien sois jaloux. Ce sera la journée de la jalousie.

Elle se lève du canapé.

- Je vais préparer le petit déjeuner pour aujourd'hui. Je suis d'une telle humeur !

- Vous êtes une... !

- Quoi ? Mais dis tout haut ce qui vient de te manquer tout bas ! Soudain tu ne m'aimerais pas ?

Il se détourne d'elle. Elle se rassoit au bout du canapé.

- Allons. Un peu de courage. Dis-moi donc ces mots-là.  Quels sont-ils ?... Voudrais-tu me voir souffrir ? Voudrais-tu me faire du mal ?

-  ... Je ... Je ne vous ferai jamais aucun mal. Vous le savez...   Je vous aime, dit-il avec un dernier souffle court.

- A la bonne heure !  

Elle se relève. Et continue :

- Allez debout. Si tu es sage, je pourrais même avoir envie de t'habiller moi-même tout à l'heure.

- Je n'ai pas b... je ne...

-  Ne fais pas le timide. Je sais bien que cela te ferait plaisir.

Il baisse la tête.

- Bien, quelques minutes... et rejoins-moi dans la cuisine.

Elle traverse le salon pour rejoindre la cuisine.

*****

Il est 16h, elle lit le journal sur le canapé. Lui, est recroquevillé, et s'approche petit à petit  :

- Tu ne sors plus beaucoup en ce moment.

Il articule à peine :

- Je n'aime pas être loin de vous.

- Qu'est-ce que tu dis ? tu marmonnes, je ne t'entends pas.

- Je dis que je n'aime pas être loin de vous.

- Il faudrait pourtant que tu t'aères. Ne compte pas sur moi tout le temps pour te trouver des distractions. La semaine dernière nous avons parcouru tout Paris. Mais pour cette semaine j'ai quelques articles à rattraper.

- Alors je resterai.

Il remonte encore vers elle. Son crâne approche la ligne de sa cuisse.

- Ah non! je te vois venir ! Tu m'envahis là ! Laisse-moi donc !

Il obtempère et descends plus bas sur le canapé.
Elle replonge dans sa lecture.

Quelques minutes plus tard, il remonte à nouveau auprès de sa cuisse.

Plusieurs minutes ont passé, lorsqu'elle se met à caresser la ligne de son menton et le plat de sa joue du bout de ses doigts.

- Tu ne vas plus non plus à tes cours...

- A quoi bon ?

- Tu m'offrirais des conversations de meilleures qualités et plus variées.

Il hausse les épaules.

- Je ne veux pas être de mauvaise compagnie.

- Au lieu de tirer au flanc, fais donc un peu d'exercice comme tu le fais de temps de temps. Qu'au moins tu me montres des choses agréables à regarder.
Il se lève et se met à faire des pompes devant le sofa.

Elle le regarde. Puis reprend la lecture de son journal.

Hésitante, elle pose finalement ses pieds sur le dos du jeune homme.


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