Il est 6h. Elle revient au petit matin
:
- Alors tu es vivant ?
- J'ai de la peine
Elle se dirige droit dans la salle de
bain et s'enferme. Puis dans un fracas, elle ouvre la porte et
fonce droit sur lui.
- Où les as-tu mis ?... Où les as-tu
mis, réponds
- Je les ai cachés. Je les prendrai
lorsque vous ne vous y attendrez pas. Vous ne m'ôterez pas le choix de
mourir avec un reste de dignité.
- De dignité ? Mais mon pauvre hère, si tu
avais de la dignité tu ne serais pas là ! Donne-les moi !
- Non
Elle l'attrape et le secoue violemment
- Mais tu vas me les donner, oui !
imbécile !
- Mais que vous importe de savoir
quand,... et même ! que vous importe que je parte cette fois ! Vous
ne m'aimez pas !
- Et qui me dira comme je suis belle
chaque matin ? Et qui me regardera de ces yeux stupides enamourés le
soir ?
- Vous m'aimez ?
- Bien sûr que non !
- Vous ne m'aimez pas...
- Mais voudrais-tu que je t'aime ?...
Vraiment?... N'es-tu pas heureux de cette douleur par quoi je t'accompagne ? N'es-tu pas
content en ma présence ?
- Je meurs lentement.
- Et bien continue ! Continue s'il-te-plait et donne-moi ces cachets que nous aillions nous coucher !
*****
Elle s'étire en sortant de la chambre.
- Ah j'ai bien dormi.
Elle s'approche du canapé. Il est
caché sous les couvertures. Elle se met à califourchon sur lui,
avec gaieté.
- Oh lève-toi ! Il fait si beau
dehors.
Il se retourne et se renfrogne contre les coussins du canapé.
- Bon... Tu es fâché
?
Silence.
- Je ne suis pas rentrée si tard.
- Vous êtes restée chez lui !
- Oh tu es jaloux. Mon petit secrétaire
est jaloux, s'amuse-t-elle.
Oh hé bien sois jaloux. Ce sera la
journée de la jalousie.
Elle se lève du canapé.
- Je vais préparer le petit déjeuner
pour aujourd'hui. Je suis d'une telle humeur !
- Vous êtes une... !
- Quoi ? Mais dis tout haut ce qui
vient de te manquer tout bas ! Soudain tu ne m'aimerais pas ?
Il se détourne d'elle. Elle se rassoit
au bout du canapé.
- Allons. Un peu de courage. Dis-moi
donc ces mots-là. Quels sont-ils ?... Voudrais-tu me voir
souffrir ? Voudrais-tu me faire du mal ?
- ... Je ... Je ne vous ferai
jamais aucun mal. Vous le savez... Je vous aime, dit-il avec un dernier souffle court.
- A la bonne heure !
Elle se relève. Et continue :
- Allez debout. Si tu es sage, je
pourrais même avoir envie de t'habiller moi-même tout à l'heure.
- Je n'ai pas b... je ne...
- Ne fais pas le timide. Je sais
bien que cela te ferait plaisir.
Il baisse la tête.
- Bien, quelques minutes... et rejoins-moi dans la cuisine.
Elle traverse le salon pour rejoindre
la cuisine.
*****
Il est 16h, elle lit le journal sur le
canapé. Lui, est recroquevillé, et s'approche petit à petit
:
- Tu ne sors plus beaucoup en ce
moment.
Il articule à peine :
- Je n'aime pas être loin de vous.
- Qu'est-ce que tu dis ? tu marmonnes,
je ne t'entends pas.
- Je dis que je n'aime pas être loin
de vous.
- Il faudrait pourtant que tu t'aères.
Ne compte pas sur moi tout le temps pour te trouver des distractions.
La semaine dernière nous avons parcouru tout Paris. Mais pour cette
semaine j'ai quelques articles à rattraper.
- Alors je resterai.
Il remonte encore vers elle. Son crâne approche la ligne de sa cuisse.
- Ah non! je te vois venir ! Tu
m'envahis là ! Laisse-moi donc !
Il obtempère et descends plus bas sur
le canapé.
Elle replonge dans sa lecture.
Quelques minutes plus tard, il remonte
à nouveau auprès de sa cuisse.
Plusieurs minutes ont passé,
lorsqu'elle se met à caresser la ligne de son menton et le plat de
sa joue du bout de ses doigts.
- Tu ne vas plus non plus à tes
cours...
- A quoi bon ?
- Tu m'offrirais des conversations de
meilleures qualités et plus variées.
Il hausse les épaules.
- Je ne veux pas être de mauvaise
compagnie.
- Au lieu de tirer au flanc, fais donc
un peu d'exercice comme tu le fais de temps de temps. Qu'au moins tu
me montres des choses agréables à regarder.
Il se lève et se met à faire des
pompes devant le sofa.
Elle le regarde. Puis reprend la
lecture de son journal.
Hésitante, elle pose finalement ses
pieds sur le dos du jeune homme.
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