lundi 13 mai 2013

Scène 31 - L'hôte du Séraphin - Games of Sophia ( Partie I )

Sous mes pas les cailloux de l'allée craquellent, et mes talons s'enfoncent d'une manière plaisante. La nuit est calme. L'air porte les embruns lourds de l'été. La lanterne éclaire notre chemin vers la porte d'entrée du manoir. A notre arrivée, une sorte d' Alfred en os plus qu'en chair vient nous accueillir et prendre nos manteaux.

- Madame... Monsieur... Si vous désirez, une pièce est disponible à côté si besoin. Puis-je vous demander le mot de passe ?

Silas lui tend son carton, et j'indique le mot de passe.

- Dois-je aussi vous montrer la marque ?

- Non Madame, ce sera au régent de l'intérieur lorsque la cérémonie commencera. Entre temps Madame, veuillez ne pas trop le mentionner. C'est une soirée réservée. Monsieur Silas connait la maison, il saura vous récupérer quand ce sera l'heure.

L'homme nous enjoint à le suivre, et nous entrons dans un hall. Deux escaliers de pierre servent de part et d'autre le premier étage. 'Alfred' nous mène vers la porte en bois qui se trouve devant nous.

- Dois-je annoncer Monsieur ?

- Non merci Elliot, je crois que ce soir je préfère être discret en raison de notre invitée.

Les portes s'ouvrent et dévoilent une salle immense d'où pendent d'énormes lustres étincelants. Je moque un peu vers Silas.

" Ah donc il ne s'appelle pas Alfred ? "

Silas, qui me lance ses gros yeux de chat taquin, me répond :

" tu n'as donc pas vu le dernier épisode. Alfred a démissionné. "

Dans la salle, beaucoup d'invités sont attroupés autour de tables longilignes. Ils posent et reprennent leurs verres avec beaucoup de manières. Lorsque je m'approche, je comprends mieux l'engouement pour le mobilier. Il s'agit de coffrets en verre. Surélevés sur un châssis noir, ils offrent le loisir de mater des couples nus se caresser et s'emboiter nerveusement. Silas me précise que trois de ces cabines sont constituées de verres teintés, les deux autres, de verres transparents.

" Tu veux essayer ?, me demande-t-il.

- Si je commence je ne suis pas certaine d'en sortir tout de suite. Ca pourrait vraiment me plaire. Je vais commencer par faire un tour. "

Mise en valeur par des drapées et des tentures noires et dorées, la soirée est esthétiquement très réussie. Elle réunit quelques grands classiques du genre. J'apprécie notamment l'ornementation des croix de Saint-André, somptueusement parées de roses épineuses et de vignes. Un soumis exposé nu y arbore sous sa tête ballottante de fines griffures. Arqué sur ses jambes et désinvolte, martinet en mains derrière la tête, son maître attend qu'il se reprenne.  Sur les ailes de la salle je distingue quelques alcôves. Des convives déjà libérés des conventions de la vie courante s'y servent la gentillesse. Dans les escaliers, il y a fréquemment du passage vers l'étage. Là-haut sur le balcon je devine des visages s'enfoncer dans les décolletés et des corps glisser le long des colonnades.
Silas m'enjoint avec un enthousiasme communicatif de l'accompagner à la salle de machine à sous. Je remets donc ma discussion avec le maître shibari à plus tard.

Dans la petite salle du fond, trônent en effet plusieurs machines. Identiques à celles que l'on trouvent dans les foires à ceci prêt que le lot est différent. Habituellement, lorsque vous y mettez une pièce, le jeu consiste à essayer d'attraper - vainement - une peluche. Ici dans le premier boxe se présente une femme immobilisée dont les yeux ont été bandés. Son clitoris est mis en évidence par un bijou qui retrousse les grandes et petites lèvres de son sexe. Le jeu consiste manifestement à venir la chatouiller en maniant adroitement le joystick qui commande la fausse main qui gît au-dessus de son sexe. Les deux seconds boxes sont plus évidents. Un homme et une femme sont chacun entravés mains et jambes en l'air.  Pour une pièce, vous pouvez ainsi glisser l'appendice de votre choix dans un con ou dans un cul mis commodément à votre disposition. Dans une autre boite, vous actionnez des pans amovibles pour compresser à l'envie le corps emprisonné dedans. La dernière à laquelle j'ai pu jouer, proposait simplement d'envoyer des décharges à différentes parties du corps. Les parties reliées à l'urètre et l'anus semblaient être les plus appréciés par le blondinet qui se jouissait dedans.

Une cloche retentit dans la salle de réception. Silas s'en va trouver un chaperon rangé dans un meuble. Je jette un dernier coup d'œil aux autres jeux, notamment au beau jeu de fléchettes. Je me promets de revenir tout à l'heure.

D'un geste large, Silas enfile le vêtement sur mes épaules, et place la large capuche sur ma tête. Puis alors qu'il me saisit par la taille, nous traversons la salle prestement comme si une averse allait s'abattre subitement sur nous. Il me dit discrètement :

" Rappelle-toi une chose : tu n'es pas, le reflet. "

Je m'attends à comprendre la portée de ces paroles plus tard. Je remarque surtout que les autres invités sont immobiles et silencieux. Ils nous suivent du regard, moi et les autres encapuchonnés, être emmenés vers la porte gardée par un cerbère en smoking. Silas tend notre carton et dit le mot de passe. Dans l'antichambre, je fais glisser ma cape légèrement pour montrer au régent la brûlure à peine cicatrisée sur mon omoplate. Nous entrons.

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